Résonnance de l'atelier en groupe d'analyse de rêves du 19 janvier 2018

Lorsque je prépare la présentation du futur atelier que je vais proposer, me vient une intuition qui se matérialise par le choix du texte et de l’image.

Ils vibrent en moi et demandent à être posés sur ma route tel un caillou, un phare.

 

Je remarque avec joie combien le message du Soi vient résonner avec cet écho, cette intuition par la voie, voix du ou des rêves que l’on contemple dans les ateliers.

 

Pour moi, cela vient confirmer, répéter positivement par un autre canal le message que le Soi essaie de nous transmettre. Il essaie d’amener à la conscience un enjeu qui a lieu dans l’inconscient, de nous permettre de donner du sens à quelque chose qui nous est totalement inconnu.

La « Psychologie des profondeurs » de Jung prend tout son sens. Au plus profond de nous, au cœur de nous-même, le Soi nous parle, nous appelle, nous interpelle par le biais des rêves, des synchronicités.

 

(Voici un lien où je développe le concept du Soi élaboré par C. G. Jung – https://analyse-reves-jungienne.jimdo.com/1%C3%A8re-lettre/).

 

Et ce qui rend compte de la profondeur de l’atelier, c’est de voir à quel point nos inconscients personnels qui sont reliés les uns aux autres par le Soi dans l’inconscient collectif, sont travaillés collectivement par le même message,  la même énergie.

 

Ce message qui à la base est envoyé à une personne vient parler à l’ensemble du groupe.

 

Il est envoyé par le Soi, le seul vrai thérapeute, au rêveur et l’analyste en est l’interprète. Mais, nous pouvons dire que tous deux sont travaillés, pas seulement le rêveur, l’analyste aussi. Et lors d’atelier, tous les protagonistes sont interpellés !

 

L’intuition qui me traversait pour l’atelier du 19 janvier s’est matérialisée par la phrase : « Je serais qui je serais » que je lisais dans le livre « Le Cantique des Cantiques » de Pierre Trigano et Agnès Vincent.

 

Ce que j’entendais derrière, c’est cet appel à devenir qui l’on est. Jung appelait ce processus le chemin d’individuation. C’est-à-dire tout le chemin que l’on parcourt pour se différencier du modèle familial, sociétal… pour rencontrer notre propre loi intérieure, la nôtre, pas celle de papa, pas celle de maman, pas celle que l’on attend de nous mais celle qui fait référence à qui nous sommes.

 

« Je serais qui je serais » est un passage du livre de l'exode, habituellement traduit par "je suis qui je suis". C'est lorsque le nom de Dieu est révélé à Moïse "éhiéh asher éhieh".

Littéralement, c'est écrit au futur en hébreu pour marquer qu' « en Son Nom même, il y a un renouvellement incessant de la vie. Ce renouvellement est le fruit de l'union harmonieuse du masculin et du féminin dans l'être. »*

 

Le travail des rêves est une recherche constante de cette union harmonieuse, de ce renouvellement incessant.

Il y a une promesse et même plus, car en hébreu le futur exprime une certitude que les choses se feront. Ici, la promesse et la certitude que je deviendrais qui je suis, cet être profond que je suis, cet être d'unité. Je vibrerais l'union avec cette figure masculine à l'intérieure de moi, qui sera féconde pour moi, source de créativité.

 

La rêveuse de cet atelier nous a apporté un rêve qu’elle avait reçu quelques nuits auparavant.

 

Il démarre : «  Je suis à l’époque du lycée. J’arrive en voiture à l’arrêt de bus de ma meilleure amie pour prendre le bus avec elle. Je la vois qui est avec d’autres personnes. Je conduis une Lamborghini, type formule 1 qui sortait du commun de papa. Je me rends compte de l’absurdité d’être venue en voiture seule pour prendre le bus. Je cherche une solution de quoi faire de cette voiture. Je ne me vois pas aller au lycée avec. Peut-être que mon père ne sera pas content que j’aille en voiture au lycée ou même que je la gare là.

Je vais la garer dans un parking (qui est une ancienne route, que certainement mon père connaissait), pas loin devant un petit commerce typique d’où je viens.

Je me vois avec ma meilleure amie et un garçon marcher, quitter l’arrêt de bus comme si nous voulions aller à l’arrêt de bus. Nous marchons très tranquillement. Le garçon était en silence, sentiment que c’est normal qu’il soit là, confiance ».

 

Tout l’enjeu pour un analyste de rêves est de se mettre à l’écoute du rêve, des symboles du rêveur et de chercher avec lui le sens que cela. En aucun cas l’analyste, ne va placarder ses propres projections, ses propres symboles pour élaborer une interprétation. Il s’agit de rester fidèle à l’image du rêve, aux symboles du rêveur et à son ressenti.

 

 

La résonnance que j’ai senti avec cette phrase « Je serai qui Je serai », c’est la première chose que la rêveuse associe à « l’époque du lycée ». Pour elle, cela a été la liberté, l’époque charnière. Période entre le collège où on est encore petit (plus sombre pour elle) et le lycée (période stable, tranquille, bons souvenirs) où elle en dit qu’elle était plus consciente, plus posée.

Elle parle de cette voiture, celle de papa. Et papa, c’est l’homme qui a réussi et qui le montre, directif, autoritaire, confiant, qui prend les choses en main, celui qui sait et qui a toujours le dernier mot.

Quand elle était jeune, elle collait parfaitement au moule. Et récemment, elle est partie de l’entreprise familiale, a quitté son pays d’origine dans une recherche de prendre de la distance avec ce monde-là, qui dominait toute sa vie consciente et inconsciente. Aujourd’hui, son père est en total désaccord avec sa vie.

 

Le rêve lui montre son questionnement. Mais aujourd’hui, qu’est-ce que je fais avec cette manière d’agir dans la vie (le modèle de son père) ? Mon intention en prenant cet arrêt de bus pour aller au lycée, c’est d’aller vers l’autonomie, la liberté, plus de conscience, plus d’équilibre.  C’est « absurde » d’aller dans cette direction avec cette voiture. Presque ce n’est pas possible. Comment faire pour devenir qui je suis en étant au volant, en agissant de la même manière que mon père.  Le rêve lui montre qu’il faut s’arrêter pour comprendre (l’ancienne route),  se différencier de ce regard unilatéral qui m’a été inculqué.

 

Voilà, tout l’enjeu qui se profilait. C’est-à-dire le chemin vers l’autonomie, la liberté, vers plus de conscience. Où est-ce que je me situe vis-à-vis du modèle de perfection imposé par mon père très autoritaire, vis-à-vis de ce qu’il a voulu pour moi ? Comment est-ce que je me situe ? Comment est-ce que je fais pour m’en différencier. Et le point de départ, c’est d’aller voir d’où je viens. Qu’est-ce qui a fait qu’aujourd’hui, j’ai posé tel choix ? Comment est-ce que je me légitime sans le regard de papa ?

 

Suite aux associations, cela fait référence à tout ce questionnement qu’elle a eu quand elle était dans la voiture.

En garant ce véhicule qui symboliserait la conduite de son père, (c’est-à-dire qu’elle se positionne dans le monde avec les mêmes comportements que ceux de son père), elle commence une différenciation d’avec ce modèle de perfection. Et l’enjeu pour elle est d’y retourner pour aller comprendre d’où elle vient pour comprendre qui elle est. Elle est accompagnée de cette figure féminine, une figure vivante, nourrissante en elle, animée des mêmes problématiques et qui sait prendre de la distance avec les choses. Et de cette figure masculine représentative d’une force d’affirmation tranquille différente de son père, qui pour l’instant est silencieuse mais accompagnante.

 

Ici, mon souhait n’est pas de revenir sur toute l’interprétation mais de montrer comment le Soi essaie de nous montrer de plein de manières l’enjeu collectif du moment : le retour à soi, devenir qui l’on est, naître à nous-même, n’être qu’à nous-même.

 

L’étonnant travaille des rêves, des synchronicités nous montre en permanence notre alchimie intérieure…

 

 

 

*« Le Cantique des Cantiques p.55 » de Pierre Trigano et Agnès Vincent.